Confrontés à d’immenses défis, les pouvoirs publics africains mettent la « ville intelligente » au cœur de leur stratégie. Pour concilier urbanisation, révolution numérique et durabilité.
Les villes génèrent environ 80 % du produit intérieur brut (PIB) planétaire selon la Banque mondiale. C’est dire leur importance pour les économies. La smart city est la réponse à l’urgence qu’impliquent les objectifs de développement durable .
Des infrastructures sous-dimentionnées
Une croissance de plus de 20 % de la population urbaine africaine. Couplée à une activité économique survoltée. Et la montée en puissance de la classe moyenne, donnera un coup d’accélérateur à la consommation. Le scénario le plus évident est une explosion du nombre de véhicules en circulation. Dans un contexte paradoxal d’infrastructures routières inefficaces et sous-dimensionnées. Avec pour conséquence une mobilité rendue plus difficile et une augmentation de la pollution automobile. Même si l’Afrique reste faible émettrice de CO2. Les chantiers immobiliers devraient se multiplier. Grâce au boom de l’exode rural et à l’intérêt grandissant des Africains pour de meilleures conditions de logement. Résultat: une hausse exponentielle de la consommation d’énergie est à attendre. Ces signes annonciateurs font donc des smart cites une piste privilégiée pour permettre d’éviter la crise.
La Banque mondiale estime que la croissance des villes sera l’un des cœurs battants du développement du Continent. En commençant par des réformes des marchés fonciers et des réglementations. Puis en effectuant des investissements anticipés et coordonnés dans les infrastructures. Les gouvernements peuvent prendre le contrôle de l’urbanisation et construire des villes africaines plus connectées et plus productives. Des villes qui ouvrent leurs portes au monde.
Cette ouverture sur le monde serait un catalyseur pour les investissements directs étrangers (IDE). Les villes plus intelligentes révèlent qu’elles sont en mesure d’attirer davantage d’IDE . L’affluence des investissements dans une Smart City élargit la marge de manœuvre financière. Surtout pour les municipalités au bénéfice de projets à la pointe de la technologie. Dans un tel environnement, les affaires prendraient une autre dimension.
McKinsey établit qu’il y aura en Afrique 100 villes de plus de 1 million d’habitants en 2025. Pour qu’elles soient intelligentes et que le business et les citoyens s’y épanouissent durablement, les pays devront relever plusieurs défis. À l’unanimité, les experts pointent d’abord l’électrification. L’Afrique reste l’une des régions les moins raccordées au monde, avec un taux d’électrification de 43 % en 2016. En d’autres termes, 57 % de la population vit sans un accès régulier à l’électricité. Or smart city rime inéluctablement avec accès maximisé à cette énergie.
L’électrification est le défi majeur d’une ville connectée. L’expérience des économies du Nord démontre que plus un pays dispose de réseaux rapides d’Internet, plus le PIB augmente. Il y a donc une relation entre la connexion au Web et l’économie en général. C’est cela le talon d’Achille des économies africaines. Dans plusieurs pays, la connexion Internet est encore très coûteuse et de mauvaise qualité. Il faut donc que les États fassent des efforts, pour améliorer l’approvisionnement en électricité . C’est d’ailleurs pour faire face à ces besoins que les Smart Grids sont de plus en plus recommandés.